Ce fut avec une certaine surprise que Cartouche dévisagea l'homme qui venait d'ouvrir la porte. Pardon, l'adolescent habillé d'une manière qui ne convenait pas du tout à son âge. Si on lui avait demandé son avis, Cartouche aurait sans nul doute répondu qu'il aurait plus vu cela sur un homme d'une cinquantaine d'année, avec un chapeau haut de forme et tout ce qui allait de pair avec un tel accoutrement. non mais franchement, comment pouvait-on ne serait ce que penser à porter un truc aussi ringard ? Bon, il s'excusait pour sa tenue mais s'il croyait qu'il lui suffisait de le faire pour faire oublier la première impression à ses visiteurs, il se mettait le doigt dans l'oeil.
Cartouche parvint tout de même à étirer un vague sourire sur ses lèvres histoire de donner le changer puis entra lorsque on l'invita à le faire. Toujours pas remis de sa surprise initiale, il en reçut une seconde lorsque il constata où il était. Sans doute pas l'endroit où dormait son éventuel employeur - preuve que ce dernier semblait avoir plus de jugeote dans ce domaine ci quand dans son habillement - mais pour Cartouche, c'était tout simplement suicidaire d'occuper ne serait ce que temporairement un endroit tel que celui. Alors s'y sentir comme chez soi... La bêtise de cet adolescent le dépassait complètement mais Cartouche ne glissa pas même une allusion à ce sujet. On ne prenait pas le risque de se fâcher avec un éventuel employeur. Aussi s'assit-il sur la chaise qu'on lui montra avant de choisir le ton le plus poli pour répondre.

" Vous pouvez m'appeler Cartouche ! Tout le monde m'appelle ainsi d'ailleurs !", ajouta-t-il histoire de décourager l'autre de s'aventurer plus avant sur ce terrain ci. " Et je suis parfaitement compétent. Mais puis-je vous demander pourquoi vous avez tant besoin d'hommes ? Non pas que je sois dubitatif sur l'existence d'un artefact magique mais c'est juste que ça me semble bizarre... Et que je suis curieux aussi."

A ces mots, Cartouche ne pur réprimer un petit sourire. Pour être curieux, il l'était et peut-être plus que l'homme devant lui l'imaginait.

" Et où exactement seraient ces réseaux souterrains ?", demanda Cartouche tout en imaginant déjà ce qu'ils pouvaient recéler si jamais ils étaient restés inviolés durant les siècles, voire même les millénaires qui avaient suivi leur construction. S'il pouvait même trouver des reliques datant d'encore plus loin que la fondation de la république d'Algasia, alors il y avait moyen de devenir riche et célèbres. Une telle perspective alluma des étoiles dans les yeux de Cartouche, étoiles qui disparurent lorsque l'excitation du premier moment fut passée. Réflexion faite, une telle chose était presque trop belle pour être vraie et il en vint à douter de la personne devant lui. Non pas de son honnêteté - encore que - mais de la fiabilité de ses informations et de la validité de son raisonnement...

" Avant que je ne me prononce, j'aimerai que vous répondiez à une question., annonça-t-il en dardant sur son interlocuteur un regard des plus inquisiteurs. Le visage était parfois nettement plus révélateur que les paroles et s'il ne venait à détecter ne serait-ce qu'une seule once de doute, alors il envisagerait de demander plus d'argent plus des compensations si jamais il s'avérait qu'on lui avait fait perdre son temps. Il croisa les jambes avec nonchalance et ses doigts vinrent courir le long de sa cuisse comme s'ils se livraient à une course effrénée. Comment se fait-il que vous soyez aussi sûr de votre coup ? Il y a eu des dizaines, que dis-je des centaines d'expédition pour découvrir la moindre parcelle de trésor et j'en ai été. Alors dîtes moi, comment tous ces gens auraient-ils pu passer à coté de ça et pas nous ? Et vous avez intérêt à être convaincant, monsieur... Monsieur."

Avec tout cela, il ne connaissait même pas l'identité de son employeur, ce qui l'ennuyait quelque peu. Certes, il aurait pu demander à quelques un de ses contacts d'enquêter ou même de le faire lui même mais cela signifiait partir maintenant pour revenir et Cartouche n'était pas sûr que son interlocuteur serait encore là. Aussi décida-t-il de faire une entorse à ses principes et de rester pour écouter jusqu'au bout.

Une carte, voyez vous cela ? Quoique, à la vue de celle sur laquelle il posa les yeux, Cartouche révisa immédiatement son opinion sur l'ex carte, devenue à ses yeux guère plus qu'un amas de gribouillis à la plume paraphé d'un autre gribouillis encore plus illisible. Il se pencha vers le gribouillis illisible dans l'espoir de le déchiffrer mas le peu de lumière n'était pas fait pour l'aider dans sa tâche. Quelle que soit son approche de la chose, elle se terminait invariablement par des pâtés noirs entrecoupés de quelques boucles et, même avec l'éclairage de son potentiel client - qui au passage n'avait toujours pas donné son nom - il ne put rien voir d'autre. Ce fut donc avec le plus grand des scepticismes qu'il mit fin à la torture de ces yeux pour regarder son vis à vis dans les yeux. en son fort intérieur, il songea que même avec des litres et des litres de café supplémentaire, son interlocuteur n'aurait que très difficilement pu paraître plus excité. Cartouche s'attendait même à le voir bondir en l'air quand il lui annoncerait sa décision.

Car celle ci était déjà prise, dès que l'autre avait prononcé les mots dras et Léona. Survoler le lac de mercure ne serait qu'une formalité pour lui qui ne croyait pas les racontars à son sujet et la Crète n'était pas si dangereuse que cela, dès lors que l'on savait exactement ce que l'on faisait. Cartouche savait ce qu'il faisait et il avait suffisamment d'expédition hors des villes et villages pour pouvoir se dire près à tout. Bon, peut-être n'était-ce pas le cas de son interlocuteur mais Cartouche se doutait bien que c'était là qu'il trouverait son utilité. Et si l'autre venait à périr, et bien, il était plutôt inconnu et son absence passerait sans doute inaperçue...

" C'est bon c'est bon, finit-il par lâcher en abaissant les mains en signe d'apaisement. Ce n'était pas non plus la peine de lui donner de fausses illusions. J'accepte mais ce sera à mes conditions. tout d'abord, si ça s'avère être un coup d'épée dans l'eau, je veux quand même être payé. Une pièce d'or la journée plus une pièce d'argent à chaque fois que je devrais vous sauver la vie. J'emporte mes propres armées ainsi que ma nourriture. Et je suis lbre de faire demi tour quand je le veux.", ajouta-t-il avec un sourire en coin qui sous-entendait qu'il n'allait pas non plus risquer de mourir pour ce freluquet. Si il avait été un gros bonnet, peut-être qu'il l'aurait envisagé car la récompense aurait été à la hauteur. Mais là, il n'était même pas sûr que l'autre puisse le retenir plus d'une semaine...

Cartouche resta littéralement stupéfait devant la réaction de son interlocuteur. Même s'il pressentait que son oui allait rendre l'autre plus ou moins heureux et ce de manière fort visible, il ne s'était pas attendu à un tel débordément de joie et de d'éxubérance. Avec un sourire intérieur, il songea qu'il aurait du parier avec quelqu'un que son client sauterait au plafond dès lors que lui aurait donné son accord. Tandis que sa main continuait d'être secouée avec vigueur, il imagina le nombre de pièces d'or qui venait de lui passer sous le nez en rangs d'oignon. Mine de rien,cela aurait pu faire une très belle somme, suffisante pour lui permettre de régler quelques arriérés à Teirm.
L'espace d'un instant, Cartouche songea à dire à ce jeune homme de se calmer un peu puis il se ravisa, préférant lui laisser danser la jigue s'il le voulait plutôt que de devoir supporter ça sur le long terme. Au fil des secondes, le comportement de l'autre lui arracha un sourire et ce fut avec la grimace d'un sourire réprimé qu'il s'empara prestement du papier qui lui était tendu.

Ses yeux balayèrent les premières lignes avant de se plisser sous l'effort que faisait Cartouche pour ne pas céder à l'hilarité. Jusqu'à la fin, il avait cru que le doument n'était qu'une feuille de papier froissé déstinée à lui faire un blague d'un goût douteux mais là, ce qu'il avait sous les yeux, c'était un contrat en bonne et due forme, comme s'il venait d'être embauché par une quelconque administration. Les larmes au yeux à force de se contenir, Cartouche rendis son bout de papier à son interlocuteur sans même y avoir déposé la moindre goutte d'encre. Ce n'était pas ainsi qu'ils faisaient les choses et c'était sans doute valable pour tous les autres qui, comme lui, vendaient leur services à des particuliers. Seuls comptaient les mots échangés ainsi que la valeur de la parole de l'autre et de toute façon, ce genre de document pouvait s'avérer tellement compromettant que nul n'osait ne serait-ce qu'en fabriquer un. Alors que cet amateur lui demande d'en remplir un, c'était la meilleure qu'on lui ait jamais faite.

" Reprenez le donc, monsieur Yanshir, fit Cartouche, reconnaissant à cette farce de lui avoir permis de connaître le no de son interlocuteur - la seule chose qui s'était avérée utile. Vous n'avez pas besoin de telles garanties avec moi et je n'en demanda aucune de mon coté, si ce n'est d'être payé...Bon, maintenant que les choses sont réglées, si on passait aux détails ?", ajouta-t-il en espérant que l'affaire ne s'éterniserait pas trop parce que le premier jour de printemps, c'était dans trois jours et il tenait à être en forme pur leur périple.

[désolé pour le retard ... enseveli sous les cours T__T"]

" Vous en êtes vraiment sûr ?"

yanshir a regardé Cartouche d'un drôle d'air. Il ne s'était pas attendu à ce que Cartouche trouve ça si drôle ? Alors Yanshir a repris le papier de la main de Cartouche et l'a relu. Même là, il n'a pas compris la réaction de Cartouche et il lui a demandé tout de go.

" Qu'est ce qu'il y a d'amusant ?"

L'autre lui a ensuite parlé de l'absence de la nécessité de garantir quoi que ce soit. Une lueur de compréhension a brillé dans le regard étonné de Yanshir. Le fossé entre la réalité et ce qu'il croyait était plus grand qu'il ne l'aurait cru. il avait bien fait d'engager Cartouche !

" Les détails ? Ah oui, les détails. J'ai loué une petit nef aérienne qui nous laissera à quelques kilomètres de l'endroit suposé et..."

Le jour suivant, le bateau arien s'est posé en douceur au milieu d'une clairière herbeuse. Yanshir a payé l'équipage avant de sortir le carnet.

" On devrait marcher dans cette direction là."

Son doigt s'est pointé vers une sente qui disparaissait sous le couvert. C'était la seule piste que Yanshir avait trouvé. Il s'est ensuite retourné vers Cartouche, pas très rassuré. Qui sait ce qui les attendait là dessous ?

" Ca vous dérange de passer devant ?"

Yanshir a senti une goutte de sueur parler à son front. La peur sans doute. Il ne faisait pas suffisament chaud pour autre chose. Son regard s'est fait supliant alors qu'il a dégainé son épée d'une main peu assurée.

"Je... je ne sais pas très bien me battre."

voilà qui était dit. Yanshir est resté planté au milieu de l'herbe, inquiet comme tout. Cartouche allait-il se moquer de lui et décider de le laisser en plan. Yanshir a vite repoussé cette idée. Il croyait en l'honnêteté du mercenaire...

Cartouche regardait dubitativement le paysage qui s'offrait à son regard, son visage caressé par un vent frais. Certains auraient sans nul doute qualifié cette vision de merveilleuse, d'idyllique même devant ce mélange chamarré et pourtant harmonieux de toutes ces couleurs. Ils se seraient répandus en vers inspirés par la majesté des lieux, avant sans doute de se faire bouffer tout aussi poétiquement par une quelconque bestiole surgie tout droit de la frondaison des arbres. Oh certes, de telles choses ne laissaient personne de marbre - en positif ou en négatif - mais Cartouche n'y voyait là qu'un obstacle de plus dont il lui faudrait tenir compte. Il se demandait même où donc les gens étaient allés chercher toutes les horreurs dont ils faisaient le récit dès que le taux d'alcool dans leur sang était suffisamment élevé pour leur permettre de délier leur langue à ce sujet.

Lui même n'avait jamais rencontré ce genre de choses lors de ses nombreuses excursions et lorsque la nef volante se posa en douceur, il n'était pas le moins du monde nerveux. Ou plutôt si, dès que l'autre lui montra la direction qu'ils étaient censés emprunter.

" Si vous le dîtes...", répondit-il distraitement tout en regardant la sente. Ses doutes se firent plus nombreux au fur et à mesure qu'il la considérait. Généralement, c'était les bestioles qui faisaient les sentes, peut-être même celles que vous ne teniez pas à rencontrer à moins d'avoir toute une bande de mages elfes à vos côtés. Mieux valait rester prudent, ce que Yanshir semblait avoir compris en lui proposant de passer devant. Cartouche acquiesça silencieusement avant de vérifier la présence rassurante de ses armes. Peut-être qu'il aurait du contacter l'un des mages de sa connaissance en fin de compte...

" Pour être franc avec vous, lâcha Cartouche en se retournant pour fixer son employeur d'un regard plutôt noir Ca m'étonnerait que ce que nous pouvons croiser dans cette forêt pratique régulièrement l'escrime. Alors contentez vous de taper sur ce qui vous sautera dessus et surtout de suivre mes instructions."

Sans un mot de plus, Cartouche fit signe à l'autre de le suivre sur la sente. Le niveau sonore monta en flèche dès que la clairière ne fut plus visible. Pour le marcenaire, il ne pouvait y avoir meilleur signe mais il resta tout de même sur ses gardes, juste au cas où. un accident était si vite arrivé, comme disait l'autre...